«Il est agréable à mon âge d’être au début d’une amitié nouvelle»

print this page

Braudel e la moglie si trattennero qualche giorno con i coniugi Melis. Assieme, accompagnati da Elena Cecchi, fecero un piccolo viaggio che li portò sino a Orvieto. Si aprì il tempo della amicizia. Ma lasciamo alle parole dello storico francese il ricordo di quel soggiorno. 

                

                                                                                                                                                                                                                                    

Paris, le 18  juin 1967

                  Cher ami, j’ai trouvé à Paris tant de corvées, les unes après les autres, que je n’ai pas eu encore le temps de vous écrire, à tête reposée, pour vous dire notre gratitude et notre reconnaissance la plus affectueuse pour ces journées merveilleuses passées avec vous, Madame Melis et Elena aussi brillante au volant que devant les textes du XIVe siècle et tout cela au milieu de la plus belle ville et de la plus belle campagne qui soit au monde et aussi les meilleurs vins de ces quarante dernières années. Nous n’oublierons pas de si tôt Pistoïa, Pise et Orvieto où seules les pierres des maisons sont tristes. Vous avez été un guide charmant, efficace, princier. Et quelles cartes postales! Le mieux serait de traverser avec vous l’Italie découpée méthodiquement en circuits automobiles avec les arrêts nécessaires du type NANDO .. Ensuite les îles, la Provence, la Bourgogne, le Portugal … Je vous suis reconnaissant de tous ces dons et des livres et des thèses et de la correspondance de Bruges, et d’une petite pièce d’or que je vous montrerai quand vous reviendrez à Paris – bientôt je l’espère. Et si Elena a la bonne idée d’amener le coffre de la voiture (en même temps que la voiture) nous essaierons de nous venger cruellement de vous. Buvez bien, dormez bien, ne travaillez pas trop et si vous avez un instant à perdre, écrivez-nous un mot même rapide mais au dos d’une carte postale digne de votre réputation. Ma femme me charge de vous transmettre toutes ses plus affectueuses pensées. Que Madame Melis accepte avec mes hommages l’assurance de mes sentiments les plus dévoués. Pour vous mes remerciements les plus vifs, mes souvenirs très fidèles – et toute mon amitié. Il est agréable à mon âge d’être au début d’une amitié nouvelle.

F. Braudel