Prime sottili differenze metodologiche e di interessi storiografici
print this pageIl 6 agosto del 1967, Braudel inviò a Melis una lettera dalla quale emerge la diversa impostazione metodologica dei due studiosi: «J’ai été très sensible à l’obligation où vous étiez, parlant de Florence, de suivre un plan si particulier, commencer par les compagnies et la banque, c’est commencer par le haut de la vie économique. Peut-être aurez-vous la gentillesse dans un prochain “cours” de descendre jusqu’à la vie de tous les jours, les marchés, les magasins, les entrepôts, les liaisons avec la campagne proche. Avec votre connaissance sans failles de cette campagne, ce serait aussi un très beau “cours”. J’aime, quant à moi, le contact de ces choses et réalités quotidiennes et je suis sûr qu’elles vous passionnent comme moi-même», scriveva.
A questi suggerimenti Melis era meno sensibile. Primo esponente della business history era principalmente preso dalle potenzialità delle fonti aziendali; si poneva rispetto alle carte di archivio come un imprenditore di fronte alla contabilità della propria azienda; privilegiava lo studio degli operatori economici con i loro traffici, i temi della finanza, della banca e delle assicurazioni. Braudel, altissimo interprete di una storia fondata sulla vita materiale, amava il gioco della interdisciplinarietà per esaminare la quotidianità sotto il profilo economico e sociale.
St Gervais-les-Bains, Boîte Postale 64
Haute Savoie
le 6 août 1967
Cher Ami, je ne sais comment vous remercier de votre lettre qui nous a beaucoup touchés, de vos cartes patiemment, savamment choisies, et de vos cours dont j’ai déjà achevé la lecture. J’y ai appris, croyez-moi, beaucoup de choses. J’ai été très sensible à l’obligation où vous étiez, parlant de Florence, de suivre un plan si particulier, commencer par les compagnies et la banque, c’est commencer par le haut de la vie économique. Peut-être aurez-vous la gentillesse dans un prochain “cours” de descendre jusqu’à la vie de tous les jours, les marchés, les magasins, les entrepôts, les liaisons avec la campagne proche. Avec votre connaissance sans failles de cette campagne, ce serait aussi un très beau “cours”. J’aime, quant à moi, le contact de ces choses et réalités quotidiennes et je suis sûr qu’elles vous passionnent comme moi-même. Vous avez tort, bien sûr, de polémiquer avec Armando Sapori. Vous me disiez que vous n’êtes pas seul, ni le premier dans cette querelle. Mais si la chose vous était raisonnablement possible vous devriez y mettre un terme. Il est bien évident que la prospérité, l’élan de Florence ne s’interrompent pas avec le milieu du XIVe siècle, que l’histoire événementielle des Bardi ne compte pas plus que l’histoire événementielle des Fugger et des Welser à Augsbourg. Il serait bon d’ailleurs de calculer si possible un ordre de grandeur du revenu global de Florence, de voir s’il n’y a pas, comme le soutient Emil J. Hamilton, tous les éléments d’une histoire des prix… Enfin nous reparlerons de tout cela et aussi de la mise en place d’un résumé général des thèses de vos élèves dont la masse capitalisée impressionne tant… Pourriez-vous m’aider sur quelques points? 1°/ Quand le mot capitale qui est déjà chez Cotrugli, fait-il son apparition dans son sens moderne? 2°/ a-t-on repris la controverse Sombart-Weber à propos du capitalisme florentin du XVe siècle? 3°/ vous serait-il possible d’adresser un exemplaire de votre cours – Tracce di una storia economica … dal 1252 al 1550 à Monsieur L. A. BOITEUX, 9, Place des Ternes, Paris, XVIIe. Boiteux, qui a été l’élève de Lucien Febvre au début de sa carrière, va publier à l’École un livre honnête, mais nullement révolutionnaire, sur l’histoire de l’assurance maritime. Je souhaite qu’il indique dans son livre, dont je viens de lire les épreuves, les points de vue si neufs que vous défendez. Au moins les signaler d’un mot. J’ai à peine la place de vous prier de présenter mes hommages à Madame Melis et nos amitiés à Elena. À vous bien affectueusement.
F. Braudel